Le réchauffement climatique est l’enjeu planétaire du siècle et son impact sur nos vies est indéniable. Sécheresses, canicules, élévation du niveau des mers, fonte des glaciers, autant de conséquences désastreuses aux répercussions bien concrètes. Heureusement, les gouvernements du monde entier ont finalement ouvert les yeux et se mobilisent désormais pour enrayer cette spirale infernale. Deux objectifs majeurs structurent les politiques environnementales actuelles : la neutralité carbone et le net zéro. Néanmoins, que recouvrent précisément ces notions ? Sont-elles identiques ou existe-t-il des différences fondamentales ? Éclaircissons ce point.
La neutralité carbone, objectif ambitieux pour certains pays
La neutralité carbone désigne un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’un pays et leur absorption. Concrètement, un État neutre en carbone rejette autant de CO2 qu’il est capable d’en capter via les puits de carbone naturels (forêts, sols, océans) ou technologiques. L’empreinte carbone globale est donc nulle. Cet objectif ambitieux nécessite une profonde transformation de l’économie vers un modèle décarboné. Les énergies propres se substituent aux énergies fossiles, l’efficacité énergétique s’impose dans l’industrie et les transports s’électrifient. Simultanément, la séquestration du CO2 dans les sols ou la biomasse progresse. La neutralité carbone constitue le Saint Graal en matière de climat pour de nombreux pays. L’Union Européenne dans son ensemble vise la neutralité carbone en 2050. La France s’est fixé le cap de 2050 également, d’où la création des crédits carbone. D’autres États comme la Suède ambitionnent d’atteindre ce Graal dès 2045 !
Le net zéro, impératif planétaire incontournable
Le concept de net zéro émission désigne un équilibre non pas à l’échelle d’un pays, mais au niveau planétaire. L’objectif est que les émissions anthropiques résiduelles de gaz à effet de serre soient entièrement compensées par des puits de carbone. Comment donc ? L’humanité dans son ensemble doit cesser de rejeter plus de CO2 que les océans, forêts, sols et technologies de capture ne peuvent en retirer de l’atmosphère. C’est la condition pour stopper le réchauffement climatique et plafonner la hausse des températures autour de 1,5 °C selon le GIEC. Si tous les États atteignaient la neutralité carbone, l’objectif de net zéro serait ipso facto atteint. Cependant, dans les faits, certains pays avancent plus vite que d’autres, d’où l’importance de cette notion globale. Le net zéro est le seuil critique à ne pas dépasser pour éviter l’emballement climatique.
Des implications radicalement différentes
On l’aura compris, neutralité carbone et net zéro ne sont pas équivalents. Le premier traduit un engagement national quand le second relève d’une responsabilité internationale. Pour filer la métaphore comptable, la neutralité carbone revient à équilibrer ses comptes personnels tandis que le net zéro impose de viser l’équilibre budgétaire collectif. Cette différence a des implications radicales. Un pays neutre en carbone contribue significativement à l’effort global de décarbonation, mais n’est pas tenu de compenser les émissions excédentaires d’autres États moins avancés. À l’inverse, dans une logique de net zéro, les bons élèves doivent pallier les lacunes des cancres au nom de l’intérêt supérieur de l’Humanité. En outre, si tous les pays sont engagés vers la neutralité carbone, des émissions résiduelles difficiles à supprimer persisteront nécessairement, empêchant d’atteindre le net zéro. Des efforts supplémentaires seront indispensables comme le déploiement de dispositifs de capture du CO2 dans l’atmosphère (technologies DAC) ou la plantation massive d’arbres.
Pour conclure !
Neutralité carbone et net zéro ne visent donc pas le même objectif, mais se complètent. La première notion renvoie à un engagement national ambitieux, mais réaliste, tandis que la seconde impose un effort solidaire planétaire.
Si le net zéro est in fine l’objectif à atteindre d’ici 2050 pour maintenir le réchauffement sous contrôle, la neutralité carbone trace la route. Les États neutres en carbone seront les fers de lance de cette transition bas carbone au niveau mondial. Ils entraîneront dans leur sillage les pays ou les industries les plus récalcitrants.